dimanche 25 janvier 2009

elles...


Quand elle arrive, tout le monde la regarde. Ce n'est pas qu'elle soit jolie, mais sa cape fouette le sol avec violence -et puis, elle parle fort.
Elle n'hésite pas à s'imposer, elle n'a pas peur, peur de cet inconnu de la faculté, peur des autres qui ne lui ressemblent pas, peur de ce qu'elle va devoir apprendre. Assurée d'avoir sa place puisque les autres n'existent pas.

Ses bottes sont usées comme il faut; elle prend soin de ne pas sourire -un peu comme les top des podiums. Le regard un peu blasé ou triste, si souvent silencieuse qu'on se demande même si elle a su parler un jour. Toujours seule, à peine rêveuse, alors que les beaux jours appellent par les fenêtres, comme le ciel grand et bleu ou les oiseaux heureux.

Elle aurait aimé se sentir un peu plus française. Sous ses accents coréens qu'elle a tant de mal à dissumuler,ces mots français ont un charme précieux : elle aime ces mots ronds, parfois rapeux en bouche qui deviennent de ses lèvres des pépites qu'on ne comprend pas toujours.

La fac illuminée ce matin accueille ses pas doux et légers. Discrète. La cape bat le carrelage brillant, encore humide de javel. La jupe froissée comme son visage embué, le sourire envolé.

Il est l'heure j'ai entendu dire. Alors je les suis.

dimanche 18 janvier 2009

des aller et retour, grandir seulement...


Quand il était petit, on lui avait sûrement répété qu'on aurait préféré une fille.

Il avait alors pris d'habitude de cacher ses petites voitures, de mettre de côté ces rêves de trains électriques. Et pourtant. Quelques échappées dans ses wagons devenus enchantés l'emmenaient tous les soirs dans des plages imaginaires. Une fois, il a même vu des dromadaires prendre le thé dans une bibliothèque, et sa grand mère rire en tournant les pages d'un livre vivant.

En grandissant, il a eu moins de temps pour ces voyages. Et puis il les a oubliés, perdu les tickets précieux, vidé définitivement sa valise. Il n'a plus voulu partir, comme si les départs lui faisaient peur.
Des fois, il se souvient. Du sourire des fleurs qui l'acceuillaient, des odeurs fabuleuses de chocolat chaud venant de l'échoppe de simone -la dame aux chats- et des abres à douceurs sous lesquels quelques lamas gourmands aimaient discuter.

Un jour, il se dit, un jour j'oserai -même si je ne dois pas revenir.
Il attends encore. Mais la valise est prête. On ne sait jamais...

dimanche 11 janvier 2009

des histoires, manger des mots sur des dessins...


Il y a des jours où le soleil à lui tout seul me donnerait envie de sortir, peu importe s'il fait froid. Où voir les rues envahies de lumière, les trottoirs brillants, les toits scintiller sont un plaisir particulier de l'hiver.
M'enrouler dans des écharpes moelleuses, plonger mon visage dans les parfums connus et fleuris de la laine rose pour ne laisser dépasser que mon regard.
La buée qui habille mes paroles, les oreilles rouges glacées.
Les flocons à manger, comme des mots qui tomberaient sur mon assiette.
Alors, bienvenue...